#Jerk It Out || Andi

Océane s’extirpa de sa douche à regrets pour passer une serviette d’un blanc casser autour de son corps détrempé. Une petite demi-heure plus tôt, Andi lui avait passé un coup de fil pour qu’elle la rejoigne au Frederick Café où se trouvaient selon elle ‘quelques morceaux de choix’. Traduction : de beaux mâles bâtis comme des dieux devant lesquels les deux amies pourraient passer la soirée à s’extasier.
Il n’avait pas fallut plus à la jeune femme pour accepter sa proposition. Elle avait envoyé valser le dossier sur lequel elle travaillait depuis des heures et avait filé dans sa salle de bain en quatrième vitesse.

Pour l'occasion, la blonde avait enfilée une robe de soie noire qu'elle espérait assez sobre pour en pas avoir l'air de fêter on ne savait quel événement. Le noir de sa robe tranchait avec la pâleur de sa peau et la blondeur de ses cheveux qu’elle avait choisi de laisser tomber en une cascade dorée sur ses épaules dénudées.
Elle portait des talons noirs achetés exprès pour aller avec sa robe mais qu’elle retirerait après une ou deux danses, histoire de montrer à son partenaire qu’elle n’était pas le genre de femme à souffrir inutilement et qu’elle n’hésitait pas à se débarrasser du superflu…
Vint ensuite la partie maquillage. Ce soir, Océane n'en avait pas abusé, jugeant que sa tenue était suffisante, et elle s'était contentée d'un trait d'eye-liner fin sur ses paupières et d’une touche de brillant à lèvres.

Une fois prête, la jeune femme s’empara d’un de ses nombreux sacs à main, et elle y fourra une petite boite d’allumettes, son briquet et son calepin dont elle ne se séparait jamais. Elle retourna ensuite en direction de la salle de bain pour attraper son téléphone cellulaire et adresser un baiser à son reflet avant de plonger la pièce dans l’obscurité.

Satisfaite, la jeune journaliste quitta son appartement, pressant le pas pour rejoindre la rue. En quelques enjambées chaloupées, elle atteignit l’endroit où sa voiture de location était garée et se glissa derrière le volant, laissant négligemment son sac retomber sur le siège passager.

Après une bonne dizaine de minutes passée à injurier les conducteurs qui s’étaient aventurés dans les rues de Port Elizabeth ce soir, elle repéra le bâtiment où travaillait son amie depuis elle ne savait quand –ce détail ne l’intéressait guère et elle n’avait jamais pris le temps de se renseigner à ce sujet auprès d’Andi.

Océane ne tarda pas à se garer, puis elle s’avança dans la rue jusqu’à pénétrer dan le bar. Très consciente des regards masculins qui se posèrent sur elle à son arrivée, elle fit un rapide tour de salle du regard, prenant un air gourmand de circonstance, afin d’afficher directement ses couleurs.
Une fois cela fait, elle s’approcha du bar près duquel se tenait la silhouette aisément reconnaissable d’Andi, un sourire joueur étirant ses lèvres glossées.

-« Mon dieu, ma chérie, tu ne m’avais pas dis que tu étais en pleine dépression » Minauda-t-elle pour attirer son attention « Regardez-moi ces cheveux ternes et… doux Jésus, est-ce que ce sont des cernes que j’aperçois ? Ca ne va pas du tout avec tes rides mon yak ! » Fit-elle remarquer sur un ton faussement réprobateur « Mais ne t’en fais pas, il n’y a rien qu’un bon Martini ne puisse effacer ! » Sourit Océane en s’installant sur l’un des tabouret du bar

Le sourire mutin de la grande blonde ne déserta pas ses lèvres une seule seconde lorsqu’Andi lui répondit avec au moins autant de sarcasme qu’elle.
Ca faisait partie de leur jeu. C’était à celle qui enverrait le plus de pique à l’autre. Evidemment, tout ça restait très gentillet et aucune d’elle ne cherchait vraiment à blesser l’autre…du moins, elle osait l’espérer.
Océane aimait se retrouver Andi, avoir un adversaire à sa mesure et pouvoir jouter avec elle des heures entières sans que leur conversation ne s’épuise.
Evidemment -vu de l’extérieur- elles avaient l’air de deux pestes collégiennes en pleine guerre, mais c’était justement ce qu’elle cherchait. Une amitié à la vie à la mort comme au lycée, quelque chose de puéril, superficiel, qui pourtant représentait beaucoup pour elle.
Andi était devenu sa distraction favorite à Port Elizabeth et elle ne se figurait ne plus la voir.

-« Si tu commences à m’appeler Mammouth, je m’arrangerais pour être présente chaque fois que tu dragueras afin de parler de tes petits soucis de mycose des pieds ou autre…si tu vois ce que je veux dire » La menaça-t-elle faussement, pointant vers elle un index manucuré avec soin « Et –c’est très gentil de te faire du souci pour moi- mais ne pas me voir devenir plus belle et rayonnante chaque jour ne me pose pas le moindre problème. Je me contente de ma découverte semestrielle » Minauda Océane en papillonnant des cils

Elle déposa ensuite son sac à main sur le comptoir lisse du bar, croisant ses jambes d’une manière experte en adressant un sourire à un trentenaire brun aux yeux d’un bleu acier pénétrant…

-« Joli lot… tu ne m’avais pas menti » Fit-elle en essayant de remuer les lèvres le moins possible, sans quitter le bel inconnu des yeux

Elle entendit son amie lui répliquer quelque chose mais n’accorda pas plus d’attention que ça à sa remarque sûrement désobligeante de toute manière.
L’homme lui rendit son sourire et leva son verre dans sa direction avant de reprendre sa conversation avec les deux hommes en costume sombre qui partageaient sa table.
Océane en profita alors pour refaire face à Andi.

-« Bon, il vient ce Martini ou bien il faut que j’aille chercher ce cheeer Aaron ? » Demanda-t-elle dans un haussement de sourcils plein de sous-entendus

Les sourcils d’Océane se froncèrent à la première remarque de son amie. Elle faillit lui lâcher un ‘tu n’oserais pas’ outré de circonstance mais elle connaissait déjà la réponse à cette question. Oh que oui elle oserait !
D’ailleurs, les paroles de la jeune journaliste n’étaient pas en l’air non plus et elle en viendrait elle aussi à cette extrémité si la situation l’imposait !

Maintenant de nouveau face à son amie, son sac sur le comptoir et ses mains posées dessus, elle la fixait avec un amusement non dissimulé.
Aaron était la bête noire d’Andi.
Ils ne pouvaient se supporter tous les deux, mais Océane n’était pas dupe. Toute cette histoire finirait en sauterie derrière le bar à la fermeture. Après tout, c’est comme ça qu’avait commencé son histoire avec Cillian.
Ils se détestaient cordialement et se menait la vie dure, mais entre amour et haine, il y’avait qu’un voile qu’ils avaient levé par une nuit d’hiver particulièrement fraiche…
Il faudrait qu’elle l’appelle un de ses jours d’ailleurs. Mais rien ne pressait.

Haussant une épaule d’un air indifférent, elle observa Andi lui servir son verre de Martini comme une véritable pro. Et dire qu’au début elle était tout hésitante et cassait des verres…
Cette époque était maintenant vraisemblablement révolue.
Une fois encore, elle laissa son esprit vagabonder vers le propriétaire du café, mais pas sur sa probable relation avec la brune.
Non, elle l’imaginait, nu, allongé près d’elle dans des draps de soie.
Il était craquant, il fallait l’avouer, et en plus de ça, il avait de l’humour et du caractère. Mais quand elle parlait de lui, Andi –qui pourtant avait le nez fin en matière de garçon- passait à côté de tous les atouts du beau brun qui lui servait de patron.

Elle fut tirer de ses rêveries par le verre de Martini décoré d’une olive qu’Andi venait de faire glisser vers elle.
Lorsqu’elle lui fit une remarque, Océane de contenta de lui adresser un sourire faux signifiant clairement qu’elle pouvait se le mettre là où elle pensait son pourboire.

-« Lequel ? » L’interrogea-t-elle en attrapant le cure-dents sur lequel était l’olive

Andi lui désigna de nouveau l’homme dont elle parlait d’un geste du menton et, son olive maintenant en bouche, la blonde se retourna très peu discrètement dans cette direction.
Elle aperçut alors un homme vêtu d’un jean basique surmonté d’une chemise clair.
Ses cheveux blonds encadraient un visage à la mâchoire carrée et renforcait l’éclat azuré de ses yeux.

-« Miaou… mignon » Lâcha Océane admirative « Tu paris combien qu’il termine dans mon lit ? » Interrogea-t-elle ensuite son amie en se retournant vers elle

Quand son amie accepta le défi qu’elle lui lançait, Océane laissa échapper une exclamation ravie. Elle n’en attendait pas moins d’Andi de toutes les façons.

-« Bonne chance ! …Même si un bon brushing et un coup de blush te seraient plus nécessaires à l’heure qu’il est pour réussir à le mettre dans tes draps » Lança Océane tandis que la barmaid s’éloignait

Elle observa l’échange qui suivi avec une grande attention, sirotant tranquillement son verre de Martini. La journaliste ne pouvait pas entendre distinctement leur voix au milieu du brouhaha ambiant, mais avait appris depuis bien longtemps à lire sur les lèvres. Indispensable dans son métier.
Evidemment, l’anglais n’étant pas sa langue natale, elle avait un peu de mal à suivre mais dans l’ensemble, elle s’en tirait plutôt bien…

De toute manière, même un sourd autiste aurait pu comprendre que l’homme n’avait pas la moindre envie de parler à la brunette qui lui faisait face. Il n’y avait qu’à observer l’expression désabusé de son visage pour le savoir.
Il s’agissait donc bel et bien d’un pauvre mouchoir qu’une fille venait de jeter… Une proie des plus difficiles !
Après quelques instants, Andi revint vers elle, l’air furibond.

Océane ne chercha pas à cacher ses gloussements et, alors qu’elle allait lui faire une remarque sur le record du remballage le plus rapide, Andi la prévint de ne rien dire.
Elle resta donc silencieuse –pour le moment du moins- et se contenta de l’observer farfouiller dans ses poches à la recherche de son butin.
Poussant un soupir dépité, elle déposa la somme convenue sur le comptoir, se lamentant sur son pauvre petit sort.

La journaliste leva les yeux au ciel.
Elle savait que son ami venait de perdre une bonne partie de ses pourboires dans ce pari idiot et, chose rare chez elle, pris pitié de sa pauvre carcasse malheureuse.

-« Tu aurais pu refuser Andi ! Au lieu de perdre ton fric, tu aurais simplement perdu mon estime » Fit-elle dans un clin d’œil entendu « Bon… comme je suis d’une infinie bonté et que j’n’ai pas envie que ta gueule d’enterrement face fuir toutes mes proies… jee te propose de remettre la somme en jeu ! »

Elle vit une lueur d’espoir briller dans le fond des yeux brun de sa vis-à-vis qui tenta de masquer cet élan de satisfaction derrière une moue indifférente.

-« Si je réussi à m’installer à sa table, je garde l’argent. Si en revanche il me congédie… je te rends ton malheureux billet vert. Deal ? » Demanda-t-elle en tendant sa main ers Andi

Après quelques courtes secondes d’hésitation, cette dernière fit cogner la sienne contre celle d’Océane qui s’arma d’un sourire.

-« C’est parti ! Ne me souhaite pas bonne chance surtout, ça porte malheur » Ajouta-telle en attrapant son sac à main

Une fois armée de son accessoire, elle s’approcha à son tour de la table qu’occupait le grand blond ténébreux et solitaire.
Elle fit disparaitre son sourire derrière u air faussement anxieux et s’approcha de lui timidement.

-« Excusez-moi » Le héla-t-elle e exagérant son accent français « Je suis désolée de vous importuner pendant que vous mangez mais… »

-« Je vous ai vues, c’n’est pas la peine de vous fatiguer » Répondit le blond en lui jetant un regard chargé d’agacement

-« Pardon ? »

-« Je sais que vous êtes une amie de la brune qui vient de m’accoster et, je ne suis toujours pas intéressé » S’expliqua-t-il en détournant son regard de la silhouette d’Océane

-« …vous n’êtes pas intéressé ? » Répéta la journaliste d’un ton acerbe « Et bien laissez-moi vous dire, monsieur, que vous venez de passer à côté du coup de votre chienne de vie ! Vous auriez pu passer la nuit avec deux superbes œuvres de la natures, prêtes à combler le moindre de vos désirs, et au lieu de cela, vous allez finir pencher sur la cuvette de vos chiottes ! » Grinça-t-elle, outrée d’être repoussée de la sorte « Je vous souhaite une excellente soirée »

-« C’est ça » Railla-t-il en terminant son verre en vitesse

La tête haute, Océane se détourna dans un claquement sec de talons pour revenir auprès d’Andi qui avait retrouvé le sourire.
La journaliste se hissa de nouveau sur son tabouret, ses joues empourprées par un maléange de colère et de frustration.

-« Je ne veux RIEN entendre » Grogna-t-elle avant de s’enfiler son Martini d’une seule traite « Il devait être gay en fin de compte... Sers m’en un autre tu veux »

Malgré l’humiliation qu’elle venait de subir, Océane tentait de garder la tête haute et, c’est très dignement qu’elle sauta sur son verre pour en boire la moitié en une seule longue gorgée.
Elle esquissa une légère grimace, sa gorge la brûlant un peu, et releva la tête en direction d’Andi qui semblait on ne peut plus satisfaite.

-« Moi ? Faire la gueule et risquer de me gâcher la soirée à cause d’un type pareil ? » Répondit-elle en lui jetant un regard inquisiteur « Tu plaisante j’espère ! »

Non. Océane ne comptait pas faire la tête toute la soirée à cause de lui et, si elle buvait, c’était simplement pour se détendre complètement et être certaine de passer du bon temps. Une sorte de garantie qui lui permettrait, même si elle terminait la nuit seule, de ne pas s’en soucier plus que ça.
Elle n’était pas complètement désespérée mais faire l’amour n’était jamais désagréable…

Sa dernière relation sérieuse remontait à des mois -à l’époque où elle était encore en France mais elle ne s’en plaignait pas. Du mois pas encore. Elle s’était faite à ce train de vie et appréciait ces rencontres sans conséquences.
Son calepin était rempli de numéros de téléphones et elle connaissait maintenant pas mal de bon monde à Port Elizabeth... Dans son métier, il était toujours utile d’avoir quelques connexions par-ci par là et en prime, elle avait maintenant de quoi faire chanter un médecin légiste de la ville.
Océane l’avait rencontré il y’a une petite semaine de ça et, après une nuit d’amour torride, il lui avait avoué être marié. Si jamais elle avait besoin d’informations sur les étranges incidents de la région et qu’il rechignait à l’aider dans son enquête, elle n’avait qu’à le menacer de révéler leur aventure à sa charmante épouse, et elle les obtiendrait probablement.
Océane n’était pas femme à reculer devant un obstacle, ni même à le contourner, mais plutôt à le faire exploser à coups de dynamite.

-« La soirée ne fait que commencer ma belle, je compte bien rester assez consciente pour me trouver un bel amoureux qui m’emmènera au septième ciel » Fit-elle dans un clin d’œil complice

La jeune femme fit alors un nouveau tour de salle, observant les clients du Frederick café d’un air un envieux. Très vite, son regard se porta de nouveau sur le premier homme qu’elle avait repéré.
Il arborait une alliance mais ça ne voulait rien dire. Son cher médecin légiste était là pour le confirmer et c’n’était pas un morceau de ferraille qui allait l’inquiéter.

-« Il me regarde avec sacrément d’instance pour un homme marié… » Fit-elle remarquer à son amie « J’m’y attèlerai bien pour voir jusqu’où il veut aller. Et toi, quelqu’un en vu ? » Demanda ensuite la journaliste en refaisant face à Andi

Océane leva les yeux en entendant les réflexions de son amie au sujet du beau brun qui lui avait tapé dans l’œil. Elle avait la désagréable impression d’entendre sa mère lui faire la morale… En moins ridée et plus mince évidemment.
Par contre, son expression réprobatrice était exactement la même. Océane détestait être jugée de la sorte ! Elle détestait ces regards mais elle ne pouvait attendre autre chose d’une future avocate après tout.

Andi sembla se rendre compte de son changement d’attitude vis-à-vis d’elle car elle rectifia le tir d’elle-même, retrouvant son sourire et un ton plus léger.
Océane le lui rendit avec un peu plus de réserve que d’habitude pourtant.
En vérité, elle était un peu vexée.
Elle avait conscience que l’adultère était mal et qu’en draguant l’homme elle ferait quelque chose d’immoral…et après ? On ne vivait qu’une fois !

-« Espérons oui » Répondit-elle finalement « Et puis dans le pire des cas, tu pourras toujours te rabattre sur Aarooon » Minauda la journaliste en retrouvant définitivement le sourire, plongeant ses lèvres dans le liquide transparent « Quoi que, non, celui-là m’est réservé »

Elle adressa un clin d’œil complice à son amie et avala une nouvelle gorgée de son Martini, laissant de nouveau son regard se poser sur le brun adultère.

-« Raaah mais fous-moi la paix Andi !! Je coucherai avec lui si l’envie m’en prend ! Qu’il soit marié, prêtre ou éboueur, si je veux me le faire, je me le fais et j’n’ai pas besoin de ton consentement ! » S’agaça-t-elle en lui jetant un regard agacé « Non mais, j’vous jure… » Soupira Océane en levant les yeux au ciel, avant de jeter un nouveau coup d’œil furtif au brun « Et d’ailleurs… je crois que je vais l’aborder ! Juste pour t’ennuyer ! »

Elle se tourna de nouveau vers Andi, un large sourire aux lèvres.
Pour être tout à fait honnête, elle n’avait pas vraiment envie d’aller draguer l’inconnu. Evidemment, il lui plaisait : il était plutôt bel homme, semblait être plein aux as et, en prime, avait des dents d’une blancheur éclatante !
Comment refuser ?
Sauf qu’elle venait simplement d’entrer dans le café et avait du temps devant elle. Elle croiserait peut-être un autre jeune homme tout aussi charmant dans quelques heures à peine.

Les sourcils d’Océane se froncèrent à la remarque de son ami sur son patron, mais elle ne releva pas sa remarque quant aux ronflements de ce dernier.
De toute manière, Andi avait déjà enchainé, complimentant sa robe.
Ce genre de remarque lui faisait tout oublier.
Un sourire fier se dessina sur ses lèvres glossées et elle baissa les yeux sur la robe noire qu’elle avait enfilée pour l’occasion.
Elle se donnait toujours du mal pour plaire et, même si le compliment était venu de son amie et non d’un beau prétendant, elle l’accueillait avec contentement.

Mais très vite, la blonde déchanta.
Andi était de nouveau lancée dans un discours enflammé sur la condition des hommes adultères et son regard se tourna vers le plafond du café.
La jeune femme mima de s’endormir et son front touchait le comptoir lorsque son interlocutrice marqua enfin une pause.
Océane sauta sur l’occasion pour lui répondre, affichant une moue irritée.

-« Pour ton information, je me suis déjà fait un prêtre. Par contre, tu as raison pour ce qui est de l’éboueur » Ajouta-t-elle d’un ton neutre, n’accordant pas la moindre attention à la mine atterrée d’Andi « Et figure-toi que j’en ai très envie ! Et puis qu’est-ce qui te dis qu’il a des gosses ? Peut-être qu’il n’en a pas ! Peut-être même qu’il est divorcé mais a encore du mal à se détacher de son alliance ! Et peut-être même que sa femme est morte ! » S’exclama-t-elle « La seul moyen que j’aurai de le savoir, c’est d’aller lui parler. Mais je ne le ferai pas. Pas à cause de tes discours moralisateurs agaçant, mais simplement pour que tu ne te retrouves pas seule comme une malheureuse derrière ton bar » Ajouta Océane en arborant un air dédaigneux

Elle sirota de nouveau son Martini, jetant un dernier regard au sujet d leur ‘dispute’. L’homme discutait avec ses collègues et ne lui adressait plus le moins regard.
C’est à ce moment qu’Andi poussa un nouveau cri avant de lui désigner un nouvel étalon qui venait de pénétrer dans leur haras.
Il est vrai que c’était un morceau de choix ! Morceau qu’Andi s’empressa de se réserver.
C’est à ce moment qu’un détail lui revint en mémoire, comme un baquet d’eau glacée qu’on lui aurait soudain versé sur les épaules.

-« Comment tu sais qu’il ronfle ? » S’exclama-t-elle avec horreur, se tournant vers la brune dans un sursaut « Comment tu sais qu’Aaron ronfle ?! Il te l’a confié ou… Oh mon Dieu ! Andi ! »

Elle en était certaine ! Elle y aurait mis sa main au feu ! Et Dieu savait à quel point elle y tenait à sa main…

Parfois, la verve incessante d’Andi lui était insupportable.
Il fallait constamment qu’elle ait réponse à tout et qu’elle croie tout savoir sur tout. Bon, il était vrai qu’elle se trompait rarement sur les gens et que, si elle pensait le brun en ménage et père de famille, il devait probablement l’être… mais c’était agaçant !
Maintenant, elle se sentait presque coupable et n’avait plus du tout envie de se le faire. Un comble pour elle qui était pourtant sans foi ni loi en temps normal.
Elle noya son abattement dans une petite gorgée de son Martini et décida de ne pas relancer le débat sur ce sujet épineux qui, de toutes les façons, ne les mèneraient nulle part.

-« Et blablabla… tu as gagné ! Espèce de harpie dégénérée, mais n’en rajoute pas ! Je ne veux plus entendre un seul mot de ta bouche à ce sujet » La prévint-elle en tendant un index menaçant dans sa direction « Saleté d’avocats, vous êtes bien tous les mêmes » Maugréa Océane en jouant avec le cure dent qui avait accompagné son verre

Elle entendit ensuite l’estomac de son amie grogner férocement et un sourire étira ses lèvres, balayant l’échange qu’elles venaient d’avoir et aurait pu laisser planer une atmosphère tendue.
Visiblement, Andi avait les crocs.
Elle aussi, mais c’était son appétit sexuel qui se réveillait…

-« Quoi, tu comptes piquer de la bouffe dans mon assiette comme l’autre fois ? » S’insurgea la jeune journaliste « L’Australie est vraiment un pays de malpoli ! En France, ça ne se passerait pas comme ça, crois-moi ! Non mais j’te jure… Bon ! Va pour un petit encas. Choisi pour moi ma belle »

Elle termina ensuite son verre et jeta un bref coup d’œil à l’homme qui avait fait une entrée fracassante quelques instants plus tôt avant de recentrer son attention sur son amie pour écouter ses excuses bidon.
Trop bu…évidemment, l’alcool avait bon dos ! Elle voulait se le taper, et l’alcool l’avait juste un peu déridée et permis de lui sauter dessus. Mais elle en crevait d’envie depuis el premier jour, Océane en était persuadée et n’en démordrait pas.

-« Et bien c’est une erreur ! » Annonça-t-elle avec un amusement évident « Je serai toi, je m’y remettrait immédiatement et je lui sauterai dessus une fois encore ! Bon sang ! J’n’arrive pas à croire que tu te sois tapé ce type ! » S’exclama la jeune femme en pouffant derrière sa main « Mademoiselle Je-le-déteste-il-m’insupporte-et-jamais-il-ne-se-passera-quoi-que-ce-soit-avec-ce-petit-salopard-imbu-de-sa-personne ! » Rit-elle encore, prêtant bien peu d’attention aux regards courroucés et gênés de son amie

Océane ne répliqua rien face aux remarques de son amie sur son père. Premièrement parce qu’elle l’avait prévenu qu’elle ne voulait plus entendre un mot et qu’elle lui avait délibérément désobéi, et deuxièmement, parce qu’elle n trouvait rien à redire à ça.
Une personne saine d’esprit et ‘normalement constituée’ aurait sûrement glissé un mot compatissant ou se serait excusée… mais pas Océane. Ca n’était pas son genre.
Elle estimait que chacun avait à porter son lot de bons et mauvais souvenirs et que ce n’tait pas son boulot de s’apitoyer sur le sort des autres. C’était d’ailleurs son boulot de journaliste qui l’avait endurcie.
Elle voyait des horreurs tous les ours et se devait de garder la tête froide, alors ce n’était pas une histoire du genre de celle d’Andi qui allait l’émouvoir. Même si c’était son amie.
Du moins, s’était-elle promis de ne jamais se laisser attendrir.

Mais la brune changea rapidement de sujet pour en revenir à la bouffe… et caser une fois encore qu’elle devait lui rembourser le teinturier. Depuis le temps et avec tous les plats qu’elle avait payés pour deux, elle le lui avait largement remboursé son chemisier !
Malgré ça Andi revenait toujours avec cette histoire, pour son plus grand agacement. Mais c’était aussi un moyen de se remémorer leur rencontre des plus improbables. Et malgré elle, un sourire se peignit sur son visage.

-« Va pour des frites l’australienne » Fit-elle en levant les yeux au ciel d’un air désabusé « Oh et je veux un œuf avec ça ! Et deux toasts s’il te plait » Ajouta-t-elle en battant des cils dans une moue suppliante

Lorsqu’elle aborda le sujet ‘Aaron’, un sourire presque carnassier étira les lèvres d’Océane.
Elle adorait ce genre d’histoires et coptait bien connaitre celle-ci dans les moindres détails !

-« Dis-moi tout ! » S’extasia-t-elle en se penchant sur le bar pour plus de complicité « N’omets aucun détail, surtout s’ils sont gênants ! Enfin n’oublie pas mes frites avant hein, que j’ai quelque chose en bouche pour éviter de te couper… Quoi que de nous deux, c’est tout de même toi la plus chiante à ce niveau là… Bon allez, RACONTE !! »

Océane arqua un sourcil avec scepticisme face au soudain professionnalisme dont Andi faisait preuve. Elle ne l’avait jamais traité avec autant d’égard, pas même le soir de leur rencontre…
Mais la jeune femme entra tout de même dans son jeu, tandis qu’un vieil air de musique country qu’elle connaissait s’élevait dans le Frederick Café.
Après que son amie eût terminé de lui énoncer ce qu’elle pouvait commander, Océane pris la parole.

-« N’oublie pas de respirer, épile un peu tes sourcils, et ce sera parfait ! » Plaisanta-t-elle avec autant de sérieux que son amie « Alors ça sera un œuf sur le plat, du pain blanc légèrement beurré -très légèrement- et… une sauce Andalouse ! Et s’il vous plait mon petit, ne faite pas comme cet autre serveuse qui m’avait bousculée et m’avait obligé à renverser ma bière sur le torchon immonde qui lui servait de chemisier » Ajouta la journaliste dans un clin d’œil entendu

Alors qu’elle allait relancer Andi pour connaitre toute l’histoire, allant jusqu’à imaginer la menacer d’aller demander à Aaron lui-même de lui en faire le récit, la serveuse pris la parole.
Océane l’écouta avec toute son attention, levant sa main droite pour lui faire signe qu’elle promettait de ne l’interrompre sous aucun prétexte.
Alors que son récit venait à peine de débuter, elle lui servit une assiette de frites à laquelle elle ne toucha pas, trop pendue aux lèvres de son amie pour le faire.
Mais lorsque celle-ci haussa le ton, elle s’empressa d’attraper l’une des frites pour la tremper dans la sauce orangée pour l’enfiler dans sa bouche et la mâchonner sagement.
Satisfaite, Andi repris sa narration où elle l’avait arrêté.

Océane avait l’impression d’attendre après du vent.
Andi ne lui avait donné aucun détail croustillant, rien. Elle avait attendu… ça avait trainé indéfiniment et… rien !
Elle attendit une suite qui ne vint pas et fronça les sourcils d’un air inquisiteur.

-« Premièrement, je t’ai dis que je les voulais sur la plat » Commença-t-elle en détachant ses mots avec soin « Deuxièmement… c’est quoi cette manière de raconter des histoires ?!! Aucun attrait ! C’est vide, inintéressant, presque déprimant ! Andi tu as couché avec ton PATRON !! Bon sang j’arrive à raconter des histoires de chats tombé dans l’escalier bien plus intéressante à mes lecteurs » Railla-t-elle « Et le lendemain il s’est passé quoi ? Qu’est-ce qui s’est passé quand tu es venue bosser et que tu l’as reconnu ? Comment il était au pieu ?! Des détails bon Dieu, Andi, donne-moi des DETAILS !! »

Un air digne imprimé sur son visage, Océane observa Andi faire suivre sa commande. Prendre du poids n’était certainement pas un problème pour elle.
Elle était d’une nature sportive et éliminerait les frites qu’elle allait ingurgiter en moins de quelques heures. De toute façon, ses rondeurs ne la dérangeait pas le moins du monde.
Lorsqu’elle revint près d’elle, Océane affichait pourtant une moue renfrognée…qui disparu bien vite à l’évocation d’un certain Jake qui était en ce moment même en train de lui préparer son plat.
Les cuisiniers étaient souvent des bons coups, la plupart du temps romantiques et très doué avec leur bouche... quand évidemment, ils n’étaient pas homosexuels.

Après son discours enflammé, Andi se creusa les méninges pour se remémorer quelques détails croustillants comme Océane le lui avait demandé. Un sourire aux lèvres, elle l’écouta attentivement lui faire le récit de sa soirée avec l’homme qui était devenu son patron.
Elle tiqua d’impatience lorsque son amie tenta de détourner le sujet en lui parlant de ses œufs.

-« Alors arrête d’y toucher et contente-toi de la chose non gluante entre les cuisses de ton beau mâle de patron» Marmonna-t-elle assez doucement pour que son amie ne l’entende pas à cause du brouhaha ambiant

Andi reprit ensuite son histoire et, une fois encore Océane fut déçue de son récit.
Aucun rebondissement, pas de suspense, juste une soirée ennuyeuse à mourir dont elle ne se souvenait même pas de tous les événements.

-« …Effectivement, il vaut mieux que tu arrêtes l’alcool ma belle. Parce que si tous tes récits de lendemain de débauche ressemble à ça… notre amitié risque d’être compromise » Railla la jeune femme « Bon alors ! C’est un bon coup oui ou merde ?! » Finit-elle par demander, s’envoyant quelques frites dans la bouche « Parcheque, chi ch’est le cas, je me réserve une shoirée avec lui et je compte sur toi pour me le présenter » Conclut-elle, la bouche maintenant vide

Océane abandonnait la partie. Elle se fit la promesse de ne plus demander de détails sur la soirée d’Andi avec Aaron. De toute façon, comme le lui signifiait son amie, elle n’en avait pas à lui fournir.
Si elle avait pensé un instant que son amie faisait ça uniquement pour garder les meilleurs moments pour elle seule, elle savait maintenant que c’n’était pas le cas. Elle n’avait raiment aucun souvenir de cette soirée qui avait sûrement été mémorable pourtant, et, à moins de la mettre sous hypnose, il y avait peu de chance que tout cela lui revienne. Et Océane n’était pas intéressée au point de lui payer des séances d’hypnose, cela va de soit…

Elle écouta son amie la rabrouer, faire croire qu’elle n’avait plus faim tout en s’empiffrant de ses frites. Elle parlait seule mais cela ne semblait pas la gêner outre mesure.
Océane se contentait en effet de la regarder, un sourire moqueur imprimé sur ses traits.

-« Je compte bien aller vérifier par moi-même, tu sais que je suis une professionnel et que je vérifie toujours la véracité des propos de mes interviewés » Fit-elle dans un battement évocateur de cils « J’essaierai de ne pas boire pour pouvoir te raconter tout ça… et d’ailleurs, tant qu’on aborde le sujet ! Qu’est-ce que tu fais avec ce verre ? T’es pas censé être en service ou je ne sais quoi là ? » Demanda Océane en désignant le verre de la jeune femme

Après lu avoir répété que l’alcool était nocif pour elle et qu’elle ne boirait plus jamais de sa vie, Andi venait en effet de vider son verre de soda pour le remplir de quelque chose de beaucoup plus fort.
Après l’avoir observer en prendre une longue gorgée, Océane tiqua.

-« Rah, arrête » Grogna-t-elle « Pose ce truc, boire n’arrangera pas tes problèmes, ça pourrait même t’en créer d’autres. Tu as couché avec ton boss, et après ? Tu n’savais même pas qui il était d’après ce que tu raconte. Aucun garçon ne mérite qu’on vomisse des frites aussi excellentes à cause d’un trop plein d’alcool ! » Elle marqua une courte pause avant de reprendre d’un ton hautain « Bon ! C’est pas tout ça mais je commence à m’ennuyer, trouve nous un sujet de conversation plus intéressant que tes déboires sexuels ! Je suis ta cliente et j’exige d’être distraite »